• Pas de grandes nouveautés mais des mises à jour surtout en 3ème avec la différenciation des séquences et des évaluations pour ceux qui passent le DNBpro ou non.

     

    A venir, une séquence sur la montée des extrémistes dans l'entre-deux guerres à travers les œuvres de science-fiction Fahrenheit 451 et 1984. C'est un premier essai, j'espère que ça va plaire à mes élèves !

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  • « J’aurai jamais dû aller en SEGPA »

    « On nous traite de gogols »

    « C’est une école de fous »

    Je ne compte plus le nombre de fois où j’ai entendu ce discours de la part de mes élèves. En en creusant un tout petit peu, on constate qu’ils souffrent réellement de cet a priori sur la SEGPA. Ils sont regardés de travers dès que l’on sait où ils sont scolarisés.

    C’est encore pire en EREA, car en SEGPA on peut encore essayer de faire illusion en donnant juste le nom du collège et la classe. Mais peu de gens savent ce qu’est un EREA et nos élèves non plus finalement.

    Un EREA c’est un collège + un lycée pro + un internat (pour certains)

    Un collégien EREA = un collégien SEGPA

    Pourtant ce ne sont pas les seuls à souffrir de « ségrégation » scolaire. Tout le système éducatif est gangréné par cet élitisme. Les filières générales regardent de haut les filières techno qui regardent de haut les filières pro … et les SEGPA regardent de haut les EREA qui regardent de haut les ULIS ou les ITEP, etc…

    On pourrait attribuer cela à l’adolescence qui est une jungle, blabla… Mais cela est également vrai chez les enseignants !!

    Quand je dis à un collègue de primaire ou de secondaire où je travaille, on me regarde d’abord comme si je parlais chinois, puis une fois qu’ils voient de quoi je parle, je me vois gratifiée d’un compatissant « tu as bien du courage… ».

    Quand un remplaçant est nommé dans mon établissement, on croise les doigts pour qu’il vienne et y reste le temps du remplacement !! Parfois, on ne le voit jamais !

    Les nouvellement nommés à un poste en EREA en « poste septembre » sont en général paniqués les premiers jours, rien que par les « on dit ».

    Et pourtant…

    Souvent, ils restent l’année d’après… et s’ils partent, ils partent avec un certain regret… Etonnant non ?

    Et bien non, ce n’est pas étonnant ! Nos élèves ne nous mangent pas tout crus, et oui, on peut ENSEIGNER en EREA ou en SEGPA.

    Bien sûr, ce n’est pas la même chose qu’en primaire. Nos élèves ont souffert de longues années d’échec scolaire.

    Ce n’est pas facile de prendre la mesure de ce que cela veut vraiment dire quand on a soit même fait de longues études, peut-être au pire redoublé une fois au cours de sa longue carrière d’élève.

    L’échec scolaire, c’est le long terme, c’est tout ce qui constitue l’égo d’un enfant qui est renié, ce sont des conflits avec sa famille, des conflits avec ses enseignants, des moqueries et des brimades de la part des autres élèves.

    Pour survivre à l’échec scolaire, un enfant doit se construire une carapace et se trouver une raison à son échec : des raisons extérieures, comme les profs sont nuls, l’école sert à rien, c’est parce qu’on m’a envoyé dans cette école, j’avais des problèmes dans ma famille, etc…

    Parfois ils ne se trouvent pas de raisons extérieures et leur estime de soi devient nulle.

    Souvent c’est un mélange des deux…

     

    Alors en classe, la priorité ce n’est pas le contenu, pas au début en tout cas ! Selon moi, les connaissances, les compétences scolaires qu’on nous demande de leur transmettre (tiens, c’est une bonne remarque ça, quels contenus d’ailleurs ? le programme du collège ? du cycle 3 ? du socle ? palier 2 ? palier 3 ?), ne sont que des supports pour recréer une estime de soi et une confiance en l’école.

     

    Alors que faire ??

    Pour moi, la première chose à faire, c’est d’apprendre à connaitre ses élèves. Je ne veux pas dire par là qu’il faut lire leur dossier (souvent dramatiquement vide) ou leur faire remplir des fiches de renseignements à tout va. Il faut les faire parler, discuter avec eux, créer un climat d’écoute et de confiance et cela veut parfois dire parler de soi aussi, parce que c’est ça une relation. Et si c’est trop compliqué en groupe classe, alors il faut trouver d’autres moments, après le cours, à la récréation, en sorties… Apprendre à les connaitre, eux les personnes et non pas les élèves, et ne pas les juger. Apprendre à connaitre leur personnalité et non pas nécessairement leur passé.

    Ensuite, varier les méthodes, en fonction des élèves, voir ce qui marche ou non, tester, tout en gardant un éternel optimisme face aux élèves : « ça va marcher ! Tu vas y arriver, ya pas de raison ! »

    Rester également positif face aux échecs. Bien sûr en privé on rage quand on corrige une évaluation ratée, mais au moment de leur rendre, il faut se garder de les culpabiliser. Même s’ils jouent la comédie du « j’m’en fous d’t’façon ! », vous pouvez être sûr que ça ne leur fait pas plaisir. On cherche des explications : pas compris, pas assez révisé… sans les enfoncer ! Et on propose des solutions : étude, fiche de révision explicite, devoir de rattrapage, soutien individuel lors de la proche évaluation… Et on se remet aussi en question, si la moyenne de la classe est trop basse, c’est peut-être aussi les évaluations qui sont trop difficiles ou qui ne correspondent pas vraiment à ce qui a été travaillé en classe.

    Face à un élève en grande difficulté, il m’est arrivé de le surnoter ou de l’aider beaucoup durant l’éval, afin qu’il ait une bonne note ! Et la conséquence de cette bonne note, ça a été une autre bonne note, mais celle-ci avec beaucoup moins d’aide. La réussite crée la réussite !

    Alors, certes, on dépense de l’énergie, certes, on essuie parfois des échecs et on doit très souvent se remettre en question, mais enseigner en SEGPA/EREA, ce n’est pas une punition ! C’est même selon moi une chance ! Une chance de laisser tomber nos a priori élitistes et de s’ouvrir aux autres. De découvrir des jeunes passionnants et qui ne demandent en fait qu’à apprendre, des jeunes qui ont gardé leur curiosité d’enfants et avec qui de réels liens se créent.

    Alors, oui je râle, oui ils me fatiguent, mais je ne changerai jamais de métier !

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